

Nous avons réaliser deux sondages concernant le lien accessibilité alimentaire / Agriculture urbaine. Le 1er à destination des agriurbains et le 2nd à destinations des (potentiels) consommateurs.
Voici leurs analyses (01/01/2021) :
Disclaimer : Ces sondages ne concernent qu’une partie de la population. Les participants n’ont pas tous le même niveau de connaissances concernant le sujet et les réponses ne sont pas des vérités absolues. Cependant, il nous a paru intéressant de mettre en lumière les différents points de vue des acteurs eux-mêmes et parfois même leurs oppositions, preuve que nous sommes bien au cœur d'une controverse.
Analyse du sondage auprès des agriurbains :
Qui sont les participants ?
Nous avons récolté 30 réponses de structures variées : lycée agricole, associations, entreprises, fermes urbaines, fermes verticales, jardins partagés, jardins personnels, jardins sur les toits…
Ces structures se trouvent partout en France, mais on note une grosse participation dans la région parisienne (36,7%).
Leur année d’installation diffère aussi, mais la plupart sont récentes (après 2000) et pour la majorité elles ont moins de 5 ans :

On observe que les structures les plus anciennes sont des jardins personnels, tandis que les plus récentes sont des entreprises et fermes urbaines technologiques.
Les productions aussi sont variées, même si on a pu remarquer que ce sont surtout des légumes et des fruits relativement faciles à cultiver en ville, ainsi que des aromates. On note aussi la production de fleurs, qu’elles soient comestibles ou ornementales. Pour les productions animales, on trouve des œufs de poules et du miel qui demandent peu de place pour l’élevage ; ainsi que des poissons dans une ferme en aquaponie. L’absence d’élevage et de céréales, décrié dans la bibliographie, ressort également dans notre sondage.
Leurs points de vue
Deux profils se dégagent concernant les agriculteurs urbains : Ceux qui vendent leurs produits et ceux qui les donnent/auto consomment. Cela change forcément la perception qu’ils ont de leurs activités. Nous leur avons demandé de situer le prix de leur produit comparé à celui du marché :

Il est intéressant de voir la diversité d’opinion concernant le prix : Une douzaine d’acteurs estime que leurs produits ont le même prix que le reste du marché, le reste se divise en 2 parties quasiment égales qui pensent respectivement que leurs produits sont plus chers et moins chers que le marché.
On observe que les personnes estimant un prix moins élevé sont celles qui auto-consomment leur produit pour la plupart. En effet, une fois l’installation faite, la production revient moins chère que les produits que l’on trouve dans le commerce. De même pour les jardins à caractère associatif, basé sur le partage.
À l’inverse, les entreprises qui ont des marchés de niche (champignons, variétés rares de légumes par exemple) s’estiment, elles, plus chères. Cependant, très peu de clients leur font de mauvais retours, car ils savent que c’est de la qualité (remarque des participants).
Et si on compare la perception du prix à la rentabilité de la structure en question ?
La majorité des exploitations sont rentables (principalement des entreprises), mais un quart des répondants (associations ou jardins partagés surtout) estime ne pas l'être.
Ceux qui ne le savent pas sont souvent des exploitations récemment installées, qui n’ont donc pas le recul nécessaire.

Qui sont les clients des structures interrogées ?
Il y a beaucoup de vente directe, notamment aux particuliers. Mais souvent, les clients sont multiples. Par ex : particuliers et restaurants sont souvent couplés. Dans le cas de potager ou jardin personnel, l’auto-consommation est majoritaire.
Pour mieux expliquer cette recherche (ou non) de rentabilité, nous nous sommes demandés s’il y avait d’autres activités que l’agriculture urbaine pour les participants.


Dans de nombreux cas, l'agriculture n’est pas la seule activité de la structure. Celle-ci peut également s'impliquer dans d'autres actions (ex : visites pédagogiques, évènements culturels) qui à leur tour, influencent parfois l'accessibilité à la nourriture (éducation, frein social, etc).
Ce qu’il se dégage du sondage concernant l’accessibilité alimentaire
Le nombre d’avis différents reflètent bien la diversité des pratiques en agriculture urbaine. Selon les structures, les buts ne sont pas les mêmes. Les entreprises et fermes urbaines vendent généralement leur produit dans le but d’être rentables, d’où un prix parfois plus élevé que ce qu’on peut trouver dans le marché. Ces structures ne participent pas a améliorer l'accessibilité financière de l'alimentation donc, mais seulement son accessibilité géographique (et seulement pour certains produits). Au contraire, les jardins associatifs, partagés et même les jardins personnels qui sont plus axés vers le côté social, ont plus tendance à vendre moins cher voire donner les produits, quand ce n’est pas de l’auto-consommation. Ainsi, ce n’est pas forcément rentable mais cette activité peut améliorer l’accès à la nourriture dans le quartier tout en participant à l'éducation des jeunes générations.

Analyse du sondage auprès des consommateurs :
Qui sont les participants ?
Nous avons recueilli 181 réponses. Partant du fait que nous avons nous-même partagé le sondage dans nos réseaux, nous avons touché majoritairement de jeunes étudiants de Haute-Garonne. C’est effectivement ce qui se dégage des chiffres du sondage (26 % de répondants en Haute-Garonne, 60% de moins de 25 ans, 54% d’étudiants). Cependant, nous avons tout de même une belle diversité de participants venant de la France entière et de tout âge, même si ce ne sont pas les plus nombreux.
Assez peu se sont déjà impliqués dans un projet d’AU, et ceux qui l’ont fait sont surtout impliqués dans des potagers ou jardins personnels plutôt que dans des structures professionnelles.
Toutefois, plus de la moitié estime n'avoir jamais consommé de produits issu de l'AU de toute leur vie !


L'écrasante majorité (84 personnes) évoque comme raison l'absence de structure à proximité, ce qui questionne la notion d’accessibilité géographique de l’AU. On note aussi un manque de connaissances et d’informations sur le sujet. Pourtant, les participants sont beaucoup à être potentiellement intéressés (69.2%) et 42% sont même prêts à payer plus cher !



Concernant les consommateurs effectifs, ils se fournissent à divers endroits, que ce soit dans des jardins personnels ou partagés, en vente directe auprès des fermes urbaines et entreprises ou même dans des magasins spécialisés ou des grandes surfaces. Notons que les jardins personnels sont cités en majorité dans l’approvisionnement. La consommation reste cependant occasionnelle pour la majorité des personnes interrogées. Une grande moitié (52,8%) achètent leurs produits, l’autre moitié les obtient gratuitement.
Concernant le prix des produits, nous pouvons dégager une diversité de points de vue puisque certains estiment dépenser moins ou pareil tandis que d’autres pensent dépenser plus (jusqu’à 5€ de plus). On note que beaucoup de consommateurs ne savent pas s’ils dépensent plus ou pas.
Ceux qui sont consommateurs sont 74% à être satisfaits des produits en termes de qualité et de tarif (on fera attention au biais d’échantillonnage qui peut être très fort ici).
Ainsi, bien qu’un certain nombre de participants estime que le prix des produits est supérieur à la moyenne, un seul répondant le trouve excessif. Dans l’ensemble, le prix semble plutôt raisonnable et abordable.

Leurs points de vue
Que ce soit d’un point de vue économique ou géographique, la majorité DES CONSOMMATEURS estiment que la nourriture issue de l’agriculture urbaine est accessible. Il aurait été intéressant d’avoir l’avis des non-consommateurs mais nous n’avons pas proposé cette question (erreur dans le sondage…).
Reste à déterminer également si l'AU permet d'avoir des produits plus accessibles (économiquement, géographiquement, culturellement) que les produits provenant hors des villes ; et si, dans le cas d'une meilleure accessibilité, ce facteur est suffisant pour nourrir efficacement (quantité, qualité nutritionnelle et sanitaire) une population urbaine toujours croissante...
Nous remercions chaleureusement toutes les personnes ayant pris le temps de répondre à nos sondages !

Leurs témoignages
“Aidons les agriculteurs existants avant de vouloir en
« créer » d’autres.”
“L’agriculture urbaine n’est peut être pas assez développée dans toutes les villes, on entend beaucoup parler de Paris mais très peu des autres villes en Province. Nécessiterait d’être plus développé aussi pour répondre à la question de nourrir la population.”
“[...] c'est un sujet sur lequel je suis très peu renseigné. Je serai prêt à payer plus si j'y perçois un avantage (pour moi ou pour la société), il y a donc tout intérêt à communiquer sur les avantages de l'agri urbaine par rapport à l'agri traditionnelle.”
“L'idée de l'agriculture urbaine est plaisante, mais le prix des produits est souvent rédhibitoire, hélas.”
Et vous ? Qu'auriez vous répondu ? faites-le nous savoir ici